Journal de Saône et Loire du 02/10/1886 - Jean-Baptiste MARTIN - Un soldat de la grande Armée. (source Rétronews)
Demigny, 30 septembre.
M. MARTIN, Jean-Baptiste, l'un des survivants de la Grande Armée de la grande épopée impériale, vient de s'éteindre à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans. M. Genelot, au nom de ses compatriotes, a prononcé sur sa tombe le discours suivant :
""" Messieurs, Mesdames,
Le dernier survivant des soldats de la Grande Armée que possédait notre commune vient d'entrer dans la tombe.
Jean-Baptiste Martin, n'est plus.
Il ne nous était pas possible de voir disparaitre ce vénérable débris des phalanges victorieuses, qui ont promené le drapeau de la France dans les capitales de l'Europe, sans lui adresser un suprême adieu.
Né à Demigny en 1791, Jean-Baptiste Martin fut appelé par le sort en 1812 cela commençait son éducation militaire au moment de cette désastreuse campagne de Russie. L'année suivante il faisait partie de cette jeune armée, qui ouvrait glorieusement la campagne de Saxe ; il se bat à Lützen, à Bautzen et à Dresde. A la bataille meurtrière de Leipzig, il est blessé d'une balle à la jambe; souffrant, se traînant avec peine, il n'abandonne pas l'armée, passe le pont de l’Elsler, et rentre en France.
Là ne devaient pas se terminer ses exploits. Il fait encore en 1814 la campagne de France.
Nous le retrouvons à Champ-Aubert, à Montmirail, à Montereau, dans les rangs de cette vaillante Armée qui culbutait successivement Prussiens et Autrichiens.
Il prend enfin part au dernier effort des armées françaises contre l'Europe coalisée aux champs de Waterloo.
Ce fut la fin de sa carrière militaire, il rentra dans la vie civile. Le vaillant soldat devint un homme de bien, honnête et laborieux.
Son pays natal lui confia les modestes fonctions de garde champêtre, qu'il exerça pendant trente-trois ans au milieu de l'estime générale.
Nous qui l'avons connu, nous nous rappelons combien il était heureux de raconter aux générations nouvelles les glorieuses époques de sa vie, il parlait souvent de sa patrie, qu'il avait bravement défendue contre l'ennemi, de cette patrie qu'il aimait ardemment.
Jean Baptiste Martin fut également un bon père pour sa famille, dont il a été jusqu’à la fin l'honneur et l'exemple, et surtout il avait conservé un culte profond pour la mémoire de l’Empereur.
L’Empereur, c'était son idéal, et ce fut le rêve de toute sa vie.
Que sa famille éplorée, reçoive ici l'expression de nos regrets et de toute notre sympathie.
Adieu, Jean-Baptiste Martin. Adieu brave et loyal soldat."""
